Pour vous faire découvrir le gravel, rien de plus simple, nous sommes directement allés à la rencontre d’un expert : Julien Rabier, photographe et vidéaste sportif.
Au cours des dernières années, il a expérimenté les aventures bikepacking et a suivi l'évolution grandissante de cette nouvelle discipline.
Vous pouvez aussi retrouver ses conseils et ses aventures sur son site internet, sa chaîne YouTube ou encore son blog “C’est bien d’être bien”.
Julien, peux-tu nous parler de tes débuts dans la pratique du vélo ?
“Cela fait 6 ans que je pratique le vélo; j'ai démarré en arrivant à La Rochelle quand je me suis installé ici pour travailler. La Rochelle, c'est tout plat avec beaucoup de pistes cyclables. Je trouvais dommage de cramer du gasoil pour aller bosser à 4 km de chez moi. Je me suis dit, ce serait peut-être bien de trouver un vélo juste pour faire cet aller-retour au boulot.
Tout a commencé avec un petit vélo que j'ai trouvé à 30€ sur internet. Je bossais dans une boîte qui distribuait des pièces de vélo mais à la base, je faisais plutôt de la course à pied. Petit à petit, je me suis intéressé davantage aux 2 roues ; et dans mon bureau, j'avais des gars qui roulaient fort, ça aide ; mon intérêt pour les vélos type gravel est venu plus tard en observant ce qui se faisait en ultra distance.
J'ai commencé à rouler davantage avec ce vélo à 30€ et à allonger les distances. Mais j'ai été rapidement limité sur les longues sorties et j'ai alors investi dans un premier vrai vélo pour la route.
Quelle est ta définition du gravel ?
“C’est une bonne question parce qu’il y a gravel et gravel, tout le monde n’a pas la même définition. Pour moi, le gravel c’est avant tout la liberté mais on peut aussi parler du gravel comme un type de vélo.
Quand j'ai découvert cette discipline, c'était un peu un vélo hybride entre la route et le cyclocross ou le VTT. C'était le vélo qui avait un cadre de route mais avec des pneus plus larges pour rouler sur des revêtements autres que l'asphalte. Ce premier sentiment de liberté de la route me plaisait ; et sans la recherche de performance qui est souvent associée au vélo de route.
Mon but premier, c’est de prendre mon vélo et d’aller me balader. Si j'ai envie de prendre le chemin qui est à droite, je ne me pose pas la question si ça va être impraticable quelques kilomètres plus loin ; je roule où je veux selon mon envie.
Donc, le gravel te permet vraiment d'explorer tous les types de routes et chemins ; il y a juste une limite sur le très technique, ce n'est pas non plus un VTT.
Au niveau du terrain et de la surface sur lesquels tu peux vraiment évoluer, il y a les chemins blancs et les sentiers stabilisés ; des choses évidemment où tu n'irais pas avec ton vélo de route ; car tu sens rapidement que ton gravel est assez résistant ; après, je fais le choix de rester sur des portions roulantes mais certains font du gravel beaucoup plus engagé.
Tu as des gens comme moi qui sont plus sur ce qu'on va appeler le gravel américain, là où c'est né, où ça va être plus de la piste, des petits gravillons, des petits obstacles. Un gravel, ça veut dire gravier, des chemins de gravier.”
Quels seraient tes conseils pour quelqu’un qui souhaite débuter le gravel ?
“Je pense qu'il ne faut pas forcément tout de suite vouloir le super vélo si on n'a pas d'utilité. Le but, c'est de se faire plaisir. Si la personne a déjà un vélo, il faut commencer avec son propre vélo.
Là, j'ai un vélo de route qui accepte des pneus jusqu'à 32. Tu as des pneus de 32 qui sont déjà un petit peu tout terrain, mais légers. Tu mets ça, tu vas sur des chemins.
Ce vélo, tu ne vas pas le casser comme le fameux vélo à 30€ dont je parlais au début, qui était un vieux VTT. J'ai transformé ce vélo en vélo de gravel. En fait, j'ai enlevé le cintre droit de VTT, j'ai mis un cintre route, j'ai mis des roues taille standard alors que c'est des roues de 26 pouces, et j'ai mis des pneus de gravel assez fins qui restent en frein patin.
C'est un vélo qui permet d'aller partout et sans se prendre la tête.”
Qu’en est-il au niveau du matériel en plus du vélo ?
Les chaussures de gravel :
“Si on veut des chaussures de vélo automatiques (avec des cales à clipser sur les pédales) je conseille plutôt des chaussures et des pédales de VTT plutôt que de route ; pour pouvoir descendre et marcher facilement. En gravel, ça te permet d'aller où tu veux ; car parfois tu ne sais pas quels chemins tu vas rencontrer. Un sentier dur stabilisé au début peut se transformer en mare de boue quelques mètre plus loin. Avoir des portages et/ou des escaliers à grimper, arrive fréquemment. Et se balader un peu pour faire une photo ou aller chercher à manger, se fait mieux avec des chaussures confortables et pas trop rigides.
En chaussures type VTT, il existe différents systèmes. J'utilise le modèle SPD de chez Shimano. Sinon j'apprécie aussi Crank Brothers qui fait des équipements sympas. Mais le principe est le même : rester confortable pour marcher à côté de ton vélo si besoin.
Les vêtements de gravel :
“D’un point de vue vêtements de gravel, c'est un peu à l'appréciation de chacun.
Tu as le style gravel avec des chemises ou des shorts par exemple. Après, tu en as d'autres qui vont être plus en cuissard avec un maillot plus classique mais peut-être un peu moins fité que sur la route.
Donc, c'est vraiment chacun met ce qu'il aime. Moi, je sais que j'aime beaucoup les cuissards qui ont des poches parce que ça permet de ranger des trucs dedans accompagné d’un maillot avec lequel tu es à l'aise.”
Le casque de gravel :
“Tu mets un casque, des lunettes, des gants comme pour la route. Il y a des casques gravel en vente mais ça reste un casque de vélo. Je ne sais pas s’il y a vraiment une grosse différence.
Tant que le casque te va bien, que tu es bien dedans et que tu le supportes pour rouler plusieurs heures, c'est bien.”
La selle de gravel :
“Il faut une selle sur laquelle tu es bien. Actuellement, j'utilise des selles Brooks qui sont beaucoup utilisées dans le milieu du cyclotourisme ou du gravel. C'est connu pour leur selle en cuir à la base mais la mienne n’est pas en cuir.
Le cuir a des inconvénients quand il pleut, il faut l'entretenir. Là, j'ai un de leur modèle qui est en latex. Au final, je suis très bien dessus et je l'utilise aussi bien sur la route qu'en gravel. Comme ça, j'ai la même chose sur les deux vélos.”
Les sacoches de gravel :
“Au niveau des sacoches, tout dépend de ce que tu veux faire. Moi, j'aime bien avoir des sacoches sur mon vélo mais tu peux t'en passer.
Si tu pars juste pour une sortie de 50 km, au final, dans les poches, tu peux prendre ta pompe, tu peux prendre une chambre à air, l'équipement de réparation de base.
Moi, j'aime bien avoir ce qu'on appelle une sacoche top tube. C'est une petite sacoche qui se met derrière la potence sur le haut du cadre. Et cette sacoche, tu l'as, qui est accessible directement devant toi et tu peux mettre un peu de nutrition, un peu d'outils, ton téléphone, tout ce que tu veux.
Après, il y a un autre truc que j'aime bien, c'est avoir une petite sacoche sous la selle. Chez Brooks, par exemple, ils en ont une qui est un peu rectangulaire qui se met en dessous. Et dedans, j'y mets un peu les outils. J'en ai une sur chaque vélo maintenant avec le kit d'outils qui est prêt, ça ne bouge pas. Au moins, quand tu pars, tu sais que tu as les choses.
Et sinon, tu as la sacoche de cadre que je trouve vraiment bien.”
Les erreurs à ne pas commettre quand on débute au gravel ?
“Je pense que le premier conseil, c'est de prévoir l'imprévisible quelque part. En se disant, tu ne pars pas sans ton matos de réparation. Tu pars toujours avec assez d’eau, tu prends toujours une veste pour la pluie, sauf si vraiment tu es en plein été, tu sais qu'il n'y aura pas une goutte d'eau, mais tu ne sais pas ce qui peut arriver.
Tu prévois pourquoi pas une petite trousse de secours. C'est toujours intéressant. Si tu as la place, ce n'est pas obligatoire. Mais si tu pars en forêt ou en pleine campagne et que tu n'es pas sûr d'avoir du réseau ou que tu as un problème, c'est toujours bien de pouvoir se dépanner. Tu pars avec un peu de nourriture. Les trucs qui te permettent de tenir en cas de problème, les basiques, je pense que c'est vraiment le conseil le plus important, prévoir ces petits éléments-là pour ne pas être emmerdé vraiment si tu as un problème et que tu es tout seul.
L'autre conseil, si tu pars un peu à l'aventure, c'est de se dire que si tu prends des chemins que tu ne connais pas, il faut accepter qu'à des moments, tu vas peut-être te retrouver dans une galère.”
Nous remercions Julien Rabier pour tous ces bons conseils concernant la pratique du gravel. Si vous ne devez retenir qu’une chose de cet échange (pas toujours retranscrit sinon ça ferait beaucoup) c’est de “prendre du plaisir”. Prenez cette discipline au fur et à mesure pour ne pas vous dégoûter et vous verrez que vous ne pourrez plus vous en passer.
Vous retrouvez également sur Colizey, l’ensemble des vélos et accessoires pour débuter comme il se doit cette pratique du gravel.
Crédit Photo : Tony Esnault